Interview du Dr. Thorsten Pattberg, chercheur à l’Institut des études humanistes avancées de l’université de Beijing

L'Université de Pékin, Département de philosophie

L’Université de Pékin, Département de philosophie

Vaughan Winterbottom, membre de la rédaction La Chine au présent:

Le secteur connaît une expansion rapide. Il y a dix ans, chaque année, environ un million d’étudiants obtenaient leur diplôme. Cette année, il étaient presque sept millions, selon un récent rapport du Conseil des affaires d’État.

La qualité de l’enseignement et de la recherche dans les universités s’est améliorée significativement depuis le début du millénaire. Il faut en chercher la cause principalement dans l’augmentation massive des moyens financiers mis à la disposition des universités. […]

La Chine au présent est récemment allée à la rencontre de l’un d’entre eux pour discuter de la situation de l’éducation chinoise. Le Dr. Thorsten Pattberg, né en Allemagne, est chercheur à l’Institut des études avancées humanistes de l’université de Beijing. Avant de s’installer à Beijing, Pattberg était chercheur invité à l’université d’Harvard, et chercheur étranger à l’université de Tokyo. On peut donc déclarer sans trop de risque de se tromper qu’il est expert en matière d’éducation supérieure. Voici les points saillants de cette entrevue.

[…]

CP : Y a-t-il dans le système d’éducation supérieure chinois des idiosyncrasies qui ont pour résultat d’exclure certains chercheurs étrangers ?

TP : Eh bien par exemple, on peut dire que la Chine n’est pas les États-Unis, où les nouvelles idées sont appréciées pour elles-mêmes. En Chine, les chercheurs veulent maintenir le statu quo à tout prix, surtout en politique, en histoire et pour le guoxue (études chinoises). Concrètement, cela signifie que les doctorants et les post-doctorants citent tous leurs professeurs, même si leurs théories sont démodées. La critique virulente est taboue. Le respect, l’honneur, et la loyauté sont tenus en plus haute estime que la vérité, la preuve ou l’esprit critique. En d’autres mots : le monde chinois a toujours eu une vision plus holistique et inductive, moins étroite et déductive que la vision occidentale, avec tous les avantages et désavantages que cela implique.

CP : Pensez-vous qu’il faille s’attendre à une confrontation ou une course aux armements universitaires entre la Chine et l’Occident alors que les universités chinoises continuent de se perfectionner?

TP : Les universités chinoises seront toujours avant tout chinoises. C’est un peu comme l’université de Tokyo au Japon. Elle est de rang mondial, mais on ne peut pas vraiment dire qu’elle soit en compétition pour la chasse aux talents internationaux. De la même façon, les universités chinoises seront toujours avant tout pour les Chinois. La plupart des universitaires occidentaux trouveront la langue trop difficile et la culture trop exotique. Mais ce n’est jamais que mon opinion. […]

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